01 décembre 2006

Petits trésors de famille...

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Le présent étant trop moche pour être partagé... je me replonge quelque peu dans mon passé familial. Et je vous livre une photo ainsi qu'une tentative de transcription (sur celle-ci certains mots sont tout bonnement illisibles ; comme il s'agit d'une transcription, j'y ai volontairement conservé l'orthographe parfois doûteuse) d'une des lettres que Joseph Baradel, fourrier de la Grande Armée, a envoyé à sa famille. Il s'agit d'un de mes aïeux mais ne me demandez surtout pas sa place sur mon arbre généalogique... car je l'ignore totalement.

Magdebourg le 31 may 1813

Mon cher Père

La présente est pour m’informer de l’état de votre santé quand à moi je me porte bien pour le moment actuel. Je souhaite que la présente vous trouve de même.

Je vous avais écrit en date du 4 avril mais je n’ai reçu aucune réponse sans doute que vous n’avez pas reçu cette dernière. Je vous demandais aussi de l’argent. Il est possible que vous ne vous ayant pas trouvez commode de m’en envoyer, c’est le motif qui vous avais empechez de m’écrire.

Mais je vous en prie, donnez moi de vos nouvelles sitôt la présente reçue si vous voulez avoir des miennes à l’avenir.

Je suis fourrier à la Compagnie de …. Dernier. Quant aux nouvelles de l’armée… sont si peu intéressantes qu’elles ne sont pas … d’être récitées.

Milles choses honnêtes à toute la famille.
Je suis votre fils,

Baradel Fourrier

Mon adresse

Baradel fourrier à la 2ème Compagnie du 5ème Bataillon 59ème régiment d’infanterie de ligne
Faisant partie du 3ème bataillon de la garnison de la Citadelle de Magdebourg
A Magdebourg (Westphalie) Royaume


La famille a conservé plusieurs de ses lettres ! La plupart du temps, comme dans celle-ci d'ailleurs, il y réclame de l'argent ! D'autres sont plus instructives sur la vie dans la Grande Armée. Dans l'une d'elle, il y parle notamment des hôpitaux militaires dans lesquels il ne faut jamais rentrer car on n'en ressort qu'entre quatre planches. Dans une autre lettre, pour justifier son besoin d'argent, il y raconte qu'il s'est fait détroussé par des brigands en Espagne. Dans l'une de celles qu'il envoie depuis Cherbourg, il évoque les bruits grandissants d'une invasion de l'Angleterre. En transcrivant chacune de ses lettres j'ai fini par me sentir très proche de Joseph Baradel. Sa lettre qui m'a le plus émue est sans conteste sa dernière...

Francfort (Grand-Duché), le 5 août 1813

Mon Père,

Je vous apprends avec plaisir que je rentre en France. J’arrive demain à Mayence pour rejoindre mon grand dépôt à Luxembourg. J’ai été renvoyé de la grande armée par ordre du général de division Comte Souham avec plusieurs sous-officiers du régiment tant pour me rétablir d’une Blessure légère que j’ai reçu à la bataille de Bautzen qui a eut lieu les 19, 20 et 21 mai 1813 que pour me rétablir de fatigues que j’ai éprouvées durant la Campagne et aussi pour l’instruction des recrus que nous pourrons recevoir au dépôt, mais je n’ai pas Espoir de rester longtemps à Luxembourg je m’attend de rejoindre mon Bataillon de Guerre sitôt que nous aurons des recrus mais en attendant nous allons toujours Boire quelques Bouteilles de vin à Luxembourg. Comme dit l’autre prenons toujours le Bon temps autant que nous pourrons l’avoir.

Détail des Batailles que je me suis trouvé dans la campagne d’Allemagne 1813

Le 5 avril devant Magdeburg (Westphalie Royaume) en deça de l’Elbe rivière le feu a commencé à 4 heures du matin avec les cosaques et prussiens, le feu a cessé à 1 heure de l’après midy nous n’avons pas éprouvés grande perte.

Le 2 mai dans les plaines de Lutzen Royaume de Saxe
L’ennemi a été complètement battu , nous les avons mis en plaine retraite et nous avons continuez à poursuivre nos succès.

La Grande Bataille à jamais mémorable qui a eut lieu entre les français, Russes et Prussiens à Bautzen les 19, 20 et 21 mai nous avons éprouvés une grande perte en hommes tant tués que blessés mais cependant la victoire a été pour nous l’ennemi nous a laissé le champ de Bataille couvert de ses morts.
L’armistice a été signé le 4 juin.
Je vous avait écrit de Magdeburg quelque jours avant le Blocusse de cette ville mais il n’y aurait rien d’étonnant que vous n’auriez pas reçu la lettre parce que la poste était interceptée par les Cosaques.

Je me porte bien sinon que je suis très fatigué mais avec quelques jours de repos je n’y penserais plus.
J’espère pourtant que vous me ferez le plaisir de me donner de vos nouvelles sitôt la présente reçue car il y a déjà quelque temps que je n’en ai reçu . Vous me marquerez les nouveautés du pays, l’on dit que l’on a fait partir touttes les jeunes gens en France.
L’Empereur a passé à Francfort le 1er de ce mois.
Milles choses honnêtes à tous mes parens surtout ceux qui demanderont de mes nouvelles.
Je vous souhaite une bonne santé ainsi qu’à ma mère et je vous embrasse de cœur.

Vous me demanderez sans doute si je me suis servi d’une alumette pour écrire la présente, mais non, pas du tout je me suis servi d’une mauvaise plume qui est mal taillée, j’ai eu le malheur de perdre mon canif ce matin.

J’attends de vos nouvelles avec impatience
Je suis votre fils
Baradel fourrier


Le seul document en notre possession postérieur à cette lettre c'est un avis de décès émanant de la Grande Armée qui explique qu'arrivé à Luxembourg le 18 août, il a tout de suite été admis à l'hôpital militaire. Vu ce qu'il dit des hôpitaux militaires dans une précédente lettre, il devait déjà être dans un sale état pour s'y être laissé emmener. Il y mourût le 24 août 1813.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

quel monde , tes lettres sont incroyable , je sens un homme qui voulait ne pas inquiéter ses parents , quelle dignité face à ces "petits cons " qui sément la tereur aujourd'hui...et les grands "voyoux" industriels ..je pense à vous
GARANCEps: tél .....

Anonyme a dit…

terreur (faute de doigt oups..)

fratwoman a dit…

Tout comme toi, je pense qu'il se savait mal en point et qu'il voulait épargner sa famille et c'est en cela que je trouve cette lettre émouvante. Tu n'imagines même pas le plaisir que j'ai eu à lire cet homme de ma famille ou plus exactement à déchiffrer ces lettres !
Je te téléphonerai sûrement demain ou lundi !