22 décembre 2006

Hamadi...

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Comme Catherine45 me le rappelait dans l'un de ses commentaires, mon statut de "non-mère" fait que j'ai le coeur rempli d'enfants. Enfants aux histoires très différentes, enfants auxquels je pense souvent et plus particulièrement au moment de Noël.

Celui qui m'a le plus marquée était couleur ébène et se prénommait Hamadi. Nous n'avons passé qu'une semaine ensemble. C'est court une semaine, mais il s'en passe des choses en une semaine ! En plus il était loin d'être seul à réclamer mon attention puisque je l'ai rencontré avec toute sa classe ! Le premier trait de son caractère qui m'incita à être vigilante vis à vis de lui, c'était la violence qu'il avait en lui du haut de ses 9 ans. Je m'en étais inquiétée auprès de son institutrice dès le premier jour de leur séjour après avoir vu Hamadi donner une volée de coups de pieds à l'un de ses camarades.

Là, elle m'a raconté son édifiante histoire... Ce garçon n'avait connu que la violence... violence de sa mère qui, pour le punir, le brûlait avec des lames de couteau chauffées sur la flamme de la gazinière, violence d'un homme, à qui il avait été confié pour le soustraire à sa mère, qui l'avait violé. Et la justice française qui avait été saisi de l'affaire n'a rien fait... elle a prétendu qu'il s'était "explosé" l'anus suite à un accident de vélo : lors d'une chute de vélo, une pédale se serait retrouvée dans son anus...(si la situation n'avait pas été aussi tragique, j'aurais pu prendre le terme "pédale" dans son sens argotique et j'aurais pu en conclure que la justice avait reconnu qu'il y avait bien eu viol en jouant sur les mots)

Après cette conversation, je n'ai plus vu Hamadi de la même manière. Quand il avait des accès de violence, je lui en faisais la remarque mais je ne pouvais m'empêcher de penser qu'après tout, ce n'était pas de sa faute puisque la violence faisait partie de son quotidien depuis sa naissance et je maudissais toutes les personnes qui lui avaient fait autant de mal !
Un jour, les enfants sont venus nous chercher, l'institutrice et moi-même, car Hamadi s'était fait mal en courant. On a retrouvé notre "gros dur" en larmes... On appelle les pompiers... et nous voilà aux urgences ! Quand j'y ai repensé après, je me dis que l'insitutrice et moi avons été inconscientes car nous avons laissé toute la classe à une seule "emploi jeune" pour être aux côtés d'Hamadi à l'hôpital...

Et c'est à partir de là, que nous avons vu notre petit blessé changer totalement d'attitude. Il n'était quasiment plus violent. Il n'avait rien eu de grâve (heureusement !)... et avec le recul, je me dis que pendant deux jours, il a un peu abusé de son statut de "blessé" pour se faire câjoler parce qu'à la fin du séjour, j'ai dû lui faire remarquer qu'il oubliait de boiter !

Et au moment du départ, j'ai eu droit à un énorme câlin d'un Hamadi qui ne voulait pas me quitter (et je dois bien admettre que je l'aurais volontiers soustrait à son environnement pour m'en occuper). Là, je me suis dit qu'il n'avait peut être pas appris grand-chose sur le Moyen-Age mais qu'il avait appris quelque chose de bien plus important que cela ! Quelques semaines plus tard, j'avais été invitée dans leur classe pour un goûter. Et devinez qui m'a accueilli ? Mon petit blessé bien sûr qui avait renoncé aux jeux avec ses copains dans la cour de récréation, pour mieux pouvoir guetter mon arrivée !

Aujourd'hui Hamadi a grosso modo l'âge "du grand"...
Tu vois Hamadi, je ne t'ai jamais oublié et ton câlin reste encore à ce jour le plus beau câlin qu'on m'ait fait. Souvent, je me demande ce que tu es devenu... et si, comme je l'espère, tu as fini par avoir plus de chances dans la vie. Et j'espère vraiment que tu passeras un Joyeux Noël !

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Un petit coucou pour te souhaiter de bonnes fêtes et surtout que ton plus beau rêve se réalise ! J'aime beaucoup ton blog ! J'espère que barbe blanche ne t'oubliera pas ! Bisous